20/9/2021
Cette rentrée s’effectue, une fois de plus, dans un contexte social dégradé. Mais ce sont surtout les conditions d’accueils et matérielles sur lesquelles nous souhaitons faire porter notre déclaration.
En effet, notre ministre a changé de look pendant l’été mais n’a rien changé sur le fond de sa politique et sur son mode de communication. Il préfère toujours les médias aux syndicats et n’hésite pas à marquer son mépris vis-à vis des familles populaires et des personnels. Les premières sont accusées, à tort, d’utiliser l’allocation de rentrée pour acheter des écrans plats, et les seconds devront se débrouiller avec toujours moins de moyens, engendrant suppressions de postes en cascade, précarité galopante, dédoublements sacrifiés, classes surchargées et, au final, conditions de travail et d’étude dégradées. Alors que les gains du CAC 40 atteignent des sommets, en revanche, l’Éducation reste à la porte du « quoi qu’il en coûte ».
Concernant Mayotte, aucune mesure d’urgence n’a été prise et la situation dans lequel se trouve notre service public et ce département ne sont plus acceptables.
Nous pensons à ceux qui ont fait leur rentrée mais qui n’ont pas les conditions réunies pour étudier normalement, comme tout élève de la République Française, qui manquent d’un toit, qui manquent de sérénité, quand la famille est menacée de décasage, qui sautent un repas faute d’argent auxquels il faut ajouter l’accumulation de stress, de fatigue liée aux déplacements et aux différents types de violences.
Aux élèves en situation de handicap qui, faute d’AESH, resteront chez eux/elles.
Aux élèves allophones qui attendront une affectation dans un collège, un lycée ou un encadrant à l’école.
Aux centaines d’élèves inscrits sans place, mais également les enfants que les mairies refusent d’inscrire dans une école...
Il y a aussi les beaux discours sur des créations de postes, mais où sont-ils ?
Les PEC et les services civiques ne sont toujours pas formés et n’ont pas vocation à remplacer des personnels de l’éducation.
Pour cette rentrée nous manquons de centaines de personnels dans nos établissements scolaires : personnels médicaux, sociaux, administratifs, agents d’entretien et de restauration, ATSEM, AESH,AED mais aussi personnels enseignants. Il semble que la priorité est toujours de faire plus d’économies (1 point de PIB d’investissement de moins dans les dépenses d’éducation en 20 ans –soit 23 milliards d’euros par an en moins).
Monsieur le recteur, les priorités pour l’Education à Mayotte vont bien au-delà d’une promesse d’indexation. Il faut cesser d’aggraver une situation déjà préoccupante et prendre des mesures fortes pour y répondre avec un plan d’urgence à la hauteur des besoins !
Nous n'avons aucune raison de nous réjouir de la situation dans le premier degré.
Nous constatons la fragilité du mouvement inter et le peu d'attrait de nos collègues pour venir dans l'académie. Ce mouvement concerne peu de monde, au regard des besoins de titulaires dans le premier degré : quelques dizaines d'enseignants. De plus, le solde des entrants / sortants est largement négatif. Cette donnée aggrave encore la situation dans le premier degré. En effet, il est certain que les personnels participants au mouvement sont qualifiés (du fait de leur statut) et souvent expérimentés. Ce schéma a une forte probabilité de déboucher sur une dégradation encore plus prononcée des conditions de travail pour les personnels et d'apprentissage pour les élèves avec le recrutement de plus de contractuels non formés et inexpérimentés.
Ces constatations sont confirmées par les résultats du mouvement intra, 822 postes sont restés vacants à l'issue du mouvement. Il y a une forte probabilité pour que ces postes soient occupés par des contractuels. Ceci génère beaucoup de souffrances chez ces jeunes collègues : pour exercer ce métier, la bonne volonté ne suffit pas et ils et elles se retrouvent démunis-es face à des situations d'enseignement très compliquées. Gageons que "l'accompagnement" fourni par les circonscriptions ne sont pas de nature à remplacer 2 années de formation à temps plein.
Concernant les ajustements de rentrée, l'équilibre apparent entre les nombres des créations et des suppressions est totalement fallacieux et ne rend pas compte de la réalité de la dégradation constatée sur le terrain. En effet, les suppressions de postes sont pour une grande part (10 postes)constituées de postes de RASED (Réseau d'Aide Spécialisé aux Elèves en Difficulté) : au prétexte que ces postes sont non pourvus, ils sont supprimés, au lieu de mettre les moyens pour s'assurer qu'ils soient réellement occupés. Là encore, ce sont des emplois très qualifiés qui disparaissent, au détriment des collègues en demande dans les classes ordinaires et de leurs élèves.
Cette dégradation des postes spécialisés se constate également dans les UPE2A (UnitésPédagogiques pour les Elèves Allophones Nouvellement Arrivés). Alors que le nombre d'élèves en élémentaire a fortement augmenté (+ 3 000 élèves si notre mémoire est bonne), et que l'on sait que parmi ces élèves figurent de nombreux élèves allophones, aucun poste n'a été créé en UPE2A, ce qui entraîne la non prise en charge effective de nombreux élèves, laissant, là encore, les collègues des classes ordinaires en situation périlleuse face aux missions qui leur sont confiées. Il ne suffira pas de quelques mesures telles des "mallettes pédagogiques" à destination de ces collègues de classes ordinaires pour compenser un encadrement décent des élèves allophones. A titre de renseignement, à Mayotte, de nombreux enseignants d'UPE2A sont en charge de plus de cent élèves, alors que la moyenne en métropole est de 15 élèves par enseignant avec un maximum de 30 pour 1, premiers et seconds degrés confondus.
Comment pouvez-vous également expliquer aux collègues que pratiquement 5 ETP sont supprimés dans la "réserve de rentrée” ? Ces postes font cruellement défaut dans les écoles. Les témoignages que nous avons récoltés font état de manques de remplaçants, de classes sans enseignants, de remplaçants navigants entre plusieurs classes en manque d'enseignant, de ZIL (remplaçants sur une zone précise) affectés à l'année dans une classe ou bien à des fonctions (comme aide à la direction d'école) ou bien encore à des décharges de direction qui pourrait être occupées par des enseignants à temps plein.
Concernant les classes itinérantes, nous avons constaté l'existence de ces "classes" dans plusieurs écoles. Sachez tout d'abord que nous comprenons mal le qualificatif d'"itinérantes". Nos collègues ont trouvé un autre nom pour ces classes et les appellent "classe tiers monde" : la plupart du temps, il n'y a pas de lieu dédié à ces "classes" qui se déroulent souvent dans un coin du préau ou bien dans une salle de MJC ; le seul mobilier dont elles disposent est une « natte » posée à même le sol ; les élèves concernés sont scolarisés à peine 4 ou 5 heures par semaine au lieu de 24 h / semaine règlementaires, à raison de 4, 5 ou 6 groupes de 15 élèves.
Après la destruction des RASED, le manque de formation des contractuels, le manque d'enseignantsUPE2A et de remplaçants, le manque cruel de locaux et d'équipements dans les écoles, ces "classes itinérantes" viennent encore aggraver les conditions d'apprentissage des élèves et de travail des salariés. Toutes ces conditions dégradées génèrent toujours plus d'échec scolaire et de violence dans la société.
Pour être tout à fait sincères, la lettre à la bonne fée marraine que constitue la "feuille de route"publiée par le rectorat n'est pas de nature à rassurer les collègues qui sont nombreux à exprimer leur surprise face au contentement affiché dans les médias.
Ça suffit les promesses, les provocations et contre-vérités. Un statut et un meilleur salaire pour les AESH ne sont toujours pas une priorité forte du ministère. Même si une grille nationale est une bonne chose, le choix de l’indice majoré plancher 335, quasiment au niveau du SMIC, est en deçà des annonces de la ministre de la transformation et de la Fonction publiques qui cite l’indice 337 a minima pour les fonctionnaires de catégorie C. Le chemin est donc encore bien long ... Vous nous parlez « égalité des chances », alors même qu’est envisagée une réforme de l’Éducation prioritaire qui remet clairement en cause le « donner plus à ceux qui ont moins ». La contractualisation, sous forme de « contrats locaux d’accompagnement » soumettra les équipes à des objectifs arbitraires définis en fonction des marottes du moment et dégradera l’ambiance de travail en se focalisant sur une politique du chiffre. Tout cela bien sûr, au mieux, « à enveloppe constante », plus probablement, en érodant encore les moyens alloués de 1 à 2% par an. Mais ce n’est pas tout, vous allez plus loin en faisant de la cité phocéenne un laboratoire de la dérégulation. Et tranquillement vous envisagez de laisser aux directeurs d’école le choix des enseignants, allant ainsi encore plus loin vers la libéralisation du recrutement. Pourtant le recrutement local et l’autonomie fort laissée aux directions dans un contexte de concurrence accentuent les inégalités scolaires et sociales (ce que même les enquêtes PISA confirment). A titre d’exemple, la Suède, qui a expérimenté ces dispositifs, a vu ses résultats scolaires s’effondrer et une multiplication des démissions. Quand on vante la territorialisation de l’École et qu’on fragilise les services de l’État, on atteint là les limites du « en même temps ».
La population en a assez de cette façon de gouverner qui se contente de « com’ » et la CGT Éduc’action prendra ses responsabilités, dans un cadre intersyndical, pour obtenir un plan d’urgence pour l’École, abroger les réformes Blanquer, stopper la casse des cadres collectifs prévue dans les conclusions du « Grenelle », améliorer réellement les salaires et les conditions de travail, et remettre les services publics au centre de la société .
Dès le 23 septembre pour le système éducatif, le 5 octobre dans un cadre interprofessionnel mais aussi aux côtés des AESH et des AEd, nous appelons à la grève et aux manifestations pour imposer d’autres choix !
Les élu -es CGT Educ’action Mayotte
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